Photographie de Nguyen Thanh Thien ©2019
Le dojo est celui du Vieux Maître. Il est ancien, fait de bois et témoigne de l’effort de générations d’adeptes du sabre. Autour sont des rizières et quelques hérons, au-dedans, le Vieux et le Jeune Maître, mon futur enseignant, celui auquel le Vieux me confia et confia mon éducation martiale. Ce que je vis : un échange, un exercice, un combat à la fois ritualisé et réel, le Vieux exigeant du Jeune de se hisser à la hauteur de son destin, le Jeune au défi du Vieux de prouver l’authenticité de la transmission. Et moi, spectateur, témoin et élève, je dirais aujourd’hui disciple tant il est vrai que le Vieux me choisit et m’imposa au Jeune et tout aussi vrai que je le choisis à mon tour.
Photographie de Nguyen Thanh Thien ©2019
Je me souviens de leur attitude, de leur esprit animant le corps et le sabre, de leur vie poussée au plus haut niveau, celui du Vivant. Ils se font face pour que je puisse témoigner, par mes écrits, mon enseignement et mon sabre. Aussi quand vient l’heure de m’exercer, de me perfectionner et d’enseigner, je me dois d’être corps à leur image, esprit selon leur empreinte et flambeau allumé au feu ardent de leur regard. Quand je vois trois feuilles qui s’embrasent à la lumière de décembre, depuis un fond obscur, je tourne vers la lucidité qui vient.